En ce temps jadis, au cœur d’un royaume lointain et uni, s’éleva la renommée d’une noble lignée : Lady Rehana et le preux chevalier Sir Ijaz, de la maison Hussain. Amants ardents et marchands de grand renom, ils prospérèrent aux confins de la cité de Glasgow. De leur amour jaillirent quatre héritiers, et la première née fut appelée Rida.

Or, comme il advient aux aînés, la jeunesse de Rida fut rude et enseignante. Point commune en sa nature, elle se montrait hardie et véridique, et sa voix perçait déjà dans maintes assemblées. Fortune après fortune, la demoiselle osa toujours davantage, si bien qu’à l’âge de dix-huit printemps, elle s’achemina vers la cité de Dundee pour y étudier les lois des tributs et de l’impôt. 

En des contrées voisines, trois années plus tard, et seulement deux jours de distance dans le cycle des astres, naquit un garçon nommé James. Il était le cadet de deux fils, issu du valeureux garde Thierry, homme de lignée franque, et de la noble scribe Amanda, dame d’origine anglo-saxonne. L'enfance de James fut plus confortable, mais son esprit, singulier et enjoué, s’illustra bien vite : il portait en lui la verve du bouffon, régalant ses pairs de rires et de malices. Ayant franchi les épreuves de ses premières études, il se voua avec ardeur aux arts du jeu, et gagna à son tour l’Université des Écossais. 

Ainsi se trouva-t-il que, durant deux années entières, Rida et James vécurent non loin l’un de l’autre, en la bourgade de Dundee, sans jamais s’entrevoir. Et c’est par le caprice du Destin que leurs chemins finirent par se croiser. Car tous deux, épris d’un mode de vie libre et joyeux, poursuivaient leur apprentissage lorsque, le treizième jour d’octobre, survint un miracle. Rida, déjà séduite par les jeux, choisit d’entrer au cercle estudiantin qui s’y consacrait, cercle où James tenait place d’honneur. Or, sitôt les présentations faites, la belle Rida détourna l’assemblée de ses desseins, et les mena vers une taverne voisine. Là, entre discours et rires, jaillit leur premier sourire partagé. Ô douce mémoire, que maints cœurs aimeraient revivre!

Mais bientôt, la Peste Noire contraignit les peuples à demeurer cloîtrés et séparés. Nulle part, pourtant, ne s’éteignit la flamme qui brûlait entre ces deux âmes. Loin l’un de l’autre, ils grandirent et s’élevèrent, tels deux chênes s’étendant vers le ciel, destinés à croître côte à côte. Par maintes épreuves et par d’innombrables aventures, leur vie fut à jamais transformée.

Et lorsque presque sept années se furent écoulées depuis leur premier échange de regards, ils résolurent de sanctifier leur union devant leurs compagnons et leur famille. C’est pourquoi, le deuxième jour de mai, ils convoquent à présent vos personnes, afin que vous soyez témoins et partagiez leur joie.